Comment développer et promouvoir l'agro-industrie en Afrique

Publié le par Webmaster

En marge des assises de la World Economic Forum, le Président du Groupe Fadil a pris part aux côtés de la délégation ministérielle camerounaise conduite par le ministre Louis Paul Motazé, à un forum économique Agribusiness qui s’est tenu en Afrique du sud du 14 au 17 juin 2009 à l’initiative de Emrc, et en partenariat avec la Chambre d’agriculture d’Afrique du Sud.

L’événement a rassemblé plusieurs représentants des secteurs privé et public. La promotion et le développement de l’agro-industrie en Afrique était au centre des préoccupations des participants. A cette occasion, M. Mohamadou Bayero Fadil a, lors de son exposé, tracé les voies et moyens qui peuvent mener vers un réel essor de l’agro-industrie en Afrique. Voici l’intégralité de son intervention très applaudi.

Le gros des activités de la plupart des pays africains continue de se reposer sur l'agriculture et l'élevage.

Encore dans un environnement que ne facilitent ni les infrastructures souvent défaillantes, ni un environnement d'affaires encore peu aguerri, ni une population relativement peu éduquée et peu ouvertes aux grands courants et échanges commerciaux et économiques mondiaux, à la traîne de la plupart des nouvelles technologies, l'agriculture et l'élevage africaines et leurs dérives demeurent encore en fiche.

après les années d'indépendances des années 60, l'Afrique a vu se développer 3 schémas de structures agro-industriels différents avec des fortunes différentes :

- les grosses sociétés agro-industrielles parapubliques

- les structures agro-industrielles privées à talle moyenne

- les petites structures familiales traditionnelles

 

A ce jour, la plupart des grosses sociétés agro-industrielles parapubliques sont fermées ou tournent plutôt au ralenti. Et pour cause principales, ces structures et des mastodontes ont été montées, surdimentionnées et souvent mal gérées.

Les petites structures familiales traditionnelles n'ont toujours pas décollé de par leur petite taille, un manque d'encadrement et de technologique adéquats et un financement inexistant.

Seules semblent se maintenir et s'épanouir, les structures agro-industrielles privées fondées et fonctionnant sur des bases modernes. Leur survie et leur évolution, voire leur succès semblent se reposer sur trois grands paramètres.

 

La nature de l'activité

L'alimentation et la santé des populations africaines est la priorité dans ce continent. Ainsi toute activité industrielle dérivée de l'agriculture ou de l'élevage et leurs dérivées intéresse beaucoup de gens parmi les partenaires sociaux et emporte presque toujours l'adhésion du monde des affaires : les populations qu'elle sert et qui y travaillent et les gouvernements qui en profitent. Une telle activité a de fortes chances de réussite pour peu qu'elle soit bien structurée.

La demande des produits agro-industriels bon marché étant ici très forte, on peut produire pour la consommation locale et même arriver à exporter si la qualité y est  et les conditions s'y prêtent.

Une bonne connaissance et maîtrise du projet de l'environnement du marché sont donc de mise.

 

Structure de l'unité agro-industrielle

Bien sûr, le succès de toute entreprise en Afrique dépend de plusieurs facteurs :

- le site

- la main d'œuvre

- le potentiel de développement de l'unité

- la technologie utilisée

- le marché

 

Site et main d'œuvre

Pour une transformation primaire des produits agricoles ou de l'élevage, les sites et les parcs de cultures ou d'élevage en campagne et loin des centres urbains sont plus indiqués. Bien que la main d'œuvre paraisse à priori bon marché, le plus grand handicap dans ces cas semble être parfois des disponibilités énergétiques et les infrastructures de transport adéquates qui tendent à rendre les projets non compétitifs.

Par contre, les agglomérations urbaines semblent plutôt mieux indiquées pour les industries de transformation secondaires, malgré un coût un peu plus élevé de la main d'œuvre.

 

Technologie, marché et potentiel de développement de l'unité

Le potentiel d'évolution et de développement de la structure dépend de la nature du produit à transformer et de l'acceptation ou non par la population du produit fabriqué, de la force du marketing qui doit développer ces marchés intérieurs et extérieurs.

Au lieu d'utiliser des structures à faible technologie et utilisant une main d'œuvre nombreuse et peu formée et ce pour une productivité faible aussi, il convient et est souhaitable d'avoir des structures relativement performantes et à haute technologie. Bien sûr ce genre de structure nécessite un main d'œuvre plus qualifiée et plus chère. Mais cette main d'œuvre sera aussi moins nombreuse, mais pourra assurer avec cette technologie élaborée des produits de qualité. Plus la technologie n’est élaborée, plus la main d'œuvre mieux formée, mieux on est armé pour la compétitivité présente ou à venir à l'intérieur comme à l'extérieur du pays.

Si les conditions environnementales sont réunies, une structure à haute technologie est plus encline à donner une meilleure productivité. Ses produits peuvent valablement faire face à une concurrence éventuelle et ce pour le bonheur de tous, la structure et le pays.

 

Environnement propice

Le développement d'un secteur privé attractif dans l'agro-industrie nécessite un environnement incitatif, garant d'un retour sur investissement sûr.

Pour ce faire et au préalable, le pays doit être dotée d'infrastructures de télécommunication et de transports modernes permettant le flux sûr et rapide des produits des unités de production vers les centres de consommations divers.

A ce tandem infrastructures de télécommunications et transport routier, portuaire et aéroportuaire, il faut ajouter la disponibilité permanente de l'eau et de l'énergie.

La promotion et surtout le plein développement de l'agro-industrielle ne peuvent s'effectuer s'il n'y a pas un secteur bancaire et financier local fiable, rassurant, ouvert, organisé et prêt à accompagner les initiatives des entrepreneurs. Bon à savoir, plusieurs institutions bancaires et financières internationales et de tous genres sont prêtes aujourd'hui à accompagner ces initiatives privées pourvu qu'elles soient bien structurées, bien montées et prometteuses. Ces réseaux ne sont toujours connus et l'ignorance de leur existence ne favorise pas la promotion de l'agro-industrie africaine.

Ces institutions bancaires et financières locales et internationales seront plus promptes à soutenir et accompagner les agro-industries locales si le pays concerné lui-même présente des institutions fiables. Le pays doit présenter des garanties dans la protection et la sauvegarde de la propriété privée et la libre entreprise. Aussi, il est important que le pays présente des gages de bonnes gouvernance, qu'il soit vraiment un état de droit et qu'il s'engage à lutter contre la corruption  et la criminalité et ce sous toutes ses formes.

En conclusion, il n'y a aucun doute pour une promotion et un développement harmonieux de l'agro-industrie en Afrique.

Un secteur privé bien structuré, dynamique et débarrassé des inerties des entreprises parapubliques et des tares structurelles des petites entités familiales peut bien se développer harmonieusement en Afrique aujourd'hui.

Pour ce faire, il faut bien identifier le projet et le site de son implantation afin d'y proposer une structuration adéquate.

Placé dans un environnement porteur favorisant les échanges (existence des infrastructures modernes de transport et de télécommunication) et utilisant un potentiel humain sain, dynamique et bien formé, l'agro-industrie africaine peut s'affirmer aujourd'hui car, elle peut bénéficier de facilités de financement locales et internationales de plus en plus nombreuses et diversifiées.

Pourvu que l'environnement s'y prête : bonne gouvernance, état de droit, engagement tout azimut de lutte contre la corruption et toutes sortes de criminalités.


Mohamadou Bayero Fadil

PCA du Groupe Fadil



Source : Dikalo
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