Le Cameroun déterminé à lutter contre la corruption!

Publié le par Webmaster


M. Mohamadou Bayero Fadil n’a pas seulement coordonné l’un des plus importants ateliers qui traitaient des problèmes de bonne gouvernance et de santé, il a également présenté un exposé sur le thème suivant : «lutte contre la corruption et assainissement des finances publiques : la détermination avérée du gouvernement camerounais.»

 Nous vous présentons l’intégralité de cette contribution très riche et qui rime avec l’actualité brûlante de l’heure. Ayant pris à cœur les ravages de la corruption sur le monde des affaires et les finances publiques, le gouvernement camerounais a opté de combattre ce fléau avec vigueur depuis sept ans environ. Pour ce gouvernement, la corruption devenait à l’économie ce que le Sida est à la santé. Ce cancer économique freinait tout effort de développement économique, faussait le jeu de la compétition, paralysait l’administration avec la pratique des pots de vin et démobilisait toutes les énergies engagées dans le combat contre le sous-développement. Parmi les secteurs répertoriés comme étant les plus touchés par la corruption, il y a la justice, la santé, l’éducation, la police et les finances publiques. Ce phénomène déshonorait le pays depuis plusieurs années. Dans les classements publiés par certains organismes internationaux spécialisés dans l’évaluation du monde des affaires, le degré de compétitivité du pays, la confiance aux institutions publiques et les progrès dans les domaines sociaux, le Cameroun semblait constamment mal noté. Cette situation devenait insupportable et ne pouvait continuer. Avec la troisième vague de la crise financière qui touche aujourd’hui tous les pays africains et ce avec tous ses relents au Cameroun (baisse de la croissance, diminution des aides multinationales, chute des cours du pétrole, de l’aluminium, du caoutchouc et du bois), il est intéressant de rappeler ici les principales mesures entreprises par le gouvernement pour freiner la corruption et ses effets collatéraux. Parmi les principaux objectifs du gouvernement : relancer la compétitivité du pays, rendre les institutions crédibles par l’assainissement des mœurs, minimiser les effets de la crise actuelle et surtout soutenir les efforts d’une croissance contenue.
Pour les atteindre, le gouvernement camerounais a agi en trois étapes : la sensibilisation tous azimuts sur les dangers et les conséquences de la corruption, la création des structures de lutte et enfin la répression.   Sensibilisation Un Comité ad hoc de lutte contre la corruption a d’abord été crée au niveau central, relayé à tous les niveaux par des antennes. Ainsi, tous les départements ministériels et la plupart des collectivités décentralisées ont mis chacun sur pied une cellule anti-corruption : leur rôle était de sensibiliser sur les effets pervers de la corruption. Les résultats de cette phase étaient bien timides.   Création des structures de lutte Conscient du fait qu’aucun développement durable n’était possible sans l’adhésion de la plupart des intervenants, qu’aucun investisseur véritable ne pouvait se risquer dans un pays où la diligence dans la formalité administrative est prohibitive et où la sécurité des investissements n’est pas garantie, le Cameroun a crée des instances de lutte rattachées directement à la présidence de la République. la CONAC (Commission nationale anticorruption) l’ANIF (Agence nationale d’investigation financière) Le contrôle de discipline budgétaire et financière La Chambre des Comptes   Ces instances jouent le rôle de gendarme et de gardien de la fortune publique. Si les deux premières cités agissent en toute discrétion, la Chambre des comptes de la Cour suprême et le Contrôle supérieur de l’Etat publient régulièrement les rapports qui mettent à nu les manquements graves des gestionnaires qui n’ont pas pu faire preuve de rigueur managériale.   Riposte Dans ce contexte, depuis deux ans, le Conseil de discipline budgétaire et financière est sorti de son long sommeil dogmatique en publiant les résultats de ses investigations avec les pénalités administratives conséquentes. Il est vrai que cette instance s’adresse plutôt aux agents de la fonction publique. Parmi les sanctions les plus significatives, on a noté celles adressées à MM. Biwole Sida et Obounou Akong, ex gestionnaires de l’hôpital central de Yaoundé, sommés de restituer des dizaines de millions de Fcfa au trésor public. A signaler également, la mise en examen de nombreux hauts responsables de la santé, présumés indélicats dans la gestion des fonds alloués à la lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme. A noter récemment la sanction infligée à M. Gervais Mendo Ze, ancien directeur général de l’Office de Radio et télévision du Cameroun et ancien ministre délégué sommé de rembourser 2,5 milliards de Fcfa. Il y a aussi celle de l’ex directeur général de la Société camerounaise des dépôts pétroliers reconnu coupable de 25 fautes de gestion qui ont causé un préjudice financier de plus d’un milliard de Fcfa à l’Etat du Cameroun. Chargée d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens, la police camerounaise a vu ces trois dernières années beaucoup de ses agents ripoux, toutes catégories de la hiérarchie confondue, radiés ou suspendus de leurs fonctions pour malversations, extorsion des fonds et des biens.

Les dernies exploits en date sont les cas de l’inspecteur de police Ndam Ibrahim et du gardien de la paix Ndam Adamou, radiés par décret présidentiel, pour avoir perçu 15 millions Fcfa en vue d’organiser et d’exécuter l’enlèvement de Cipriano Nguema Mba, refugié politique équato-guinéen à Yaoundé.   Opération épervier Dans cette mouvance anticorruption, le gouvernement du Cameroun a mis un accent particulier ces derniers temps à éplucher les comptes de presque toutes les structures étatiques et parapubliques. Tous les gestionnaires indélicats et leurs acolytes sont poursuivis parallèlement dans les structures précitées et au pénal. Cette phase de lutte au Cameroun a pris le nom d’OPERATION EPERVIER et elle a déjà fait plusieurs victimes et pas de moindres et beaucoup sont attendues. Dans ladite phase, le gouvernement camerounais semble avoir sollicité et obtenu l’assistance de plusieurs structures internationales spécialisées dans la lutte contre la corruption et le blanchiment de l’argent. Parmi les hautes personnalités les plus en vue déjà condamnées, citons entre autres : MM Mounchipou Seidou, Pierre Désiré Engo, Titus Edzoa, Gilles Roger Belinga, Emmanuel Gérard Ondo Ndong, Alphonse Siyam Siewé, Edouard Etonde Ekotto… Tous des ex-ministres, directeurs généraux ou délégué du gouvernement. Ils ont été condamnés à de lourdes peines de prison avec tous leurs collaborateurs reconnus coupables ou complices de ces malversations. D’autres en détention préventive sont sur la voie de l’être dans l’attente de l’ouverture de leurs procès : les ex ministres des Finances Polycarpe Abah Abah ; de la Santé Publique M. Urbain Olanguena. Le second est accusé d’avoir distrait les fonds destinés à la lutte contre le Sida, le paludisme et la tuberculose. Il en est de même de Jean-Marie Atangana Mebara, ex-secrétaire général de la présidence de la République et de M. Forjindam Zaccheus, ex Dg du Chantier Naval et Industriel ; sans oublier Ngamo Hamani, l’ancien administrateur provisoire de la Camair. La bonne gouvernance étant un gage du progrès social, les responsables camerounais ont déclaré que cette guerre ne s’arrêtera pas de sitôt. Dans ce contexte particulier, plusieurs mesures incitatives ont été prises pour ramener à la raison ceux qui seraient encore tentés : les salaires des fonctionnaires ont connu un début de réhabilitation, les prix de certains produits de première nécessité ont été revus à la baisse pour rendre la vie moins chère. Des signaux pour contredire ceux qui pensent que l’opération épervier est un écran de fumée pour flatter des partenaires du développement.
Les objectifs du gouvernement camerounais à court et à moyen termes sont de maintenir le taux de croissance du pays à 5% environ malgré la crise financière actuelle. Pour ce faire, le pays doit avoir des institutions fiables et être compétitif dans le monde d’aujourd’hui. Tout ceci passe bien sûr par des institutions fiables et une stabilité macroéconomique qui impulse un développement sain par des systèmes éducatif et de santé qui permettent le plein épanouissement de l’individu. Ces préalables semblent avoir été bien compris par ceux qui gouvernent actuellement le pays. Avec des institutions fiables, des infrastructures modernisées et une bonne gouvernance avérée et inscrite permanemment dans les mœurs, le Cameroun a de fortes chances d’envisager son avenir avec confiance. Les ressources humaines bien formées sont présentes et les ressources naturelles abondantes. Pourvu qu’il y ait de bons programmes structurels de développement.   Mohamadou Bayero Fadil PCA du Groupe Fadil       
 

Source : dikalo
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article